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De l'espace architectural à l'espace du livre

1168813 cm 2

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Reliure et typographie réalisée par l’imprimerie nationale, 2023.
Livre 41x31x22 cm poid: 17 kg
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    Malo-les-Bains
         Le poste de secours

1168813 cm 2
Œuvre reliée et typographiée par l'Imprimerie Nationale
17 KG
2024
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LES REVELATIONS DE LA CHAMBRE NOIRE ​  Un terrain de jeu : la chambre ​ La recherche d’une chambre noire avec vue marque le point de départ du projet de Joelle Jakubiak. Son atelier se trouvant dans les locaux de l’association Fructose à Dunkerque, elle étudie les possibilités d’accueil dans les environs. Sur la digue de Malo-les-Bains, elle jette son dévolu sur un poste de secours destiné à la surveillance de la plage. Elle décide d’occuper l’espace d’observation situé à l’étage de cette construction pérenne. Cette pièce, de la taille d’une chambre, dotée d’un oriel entièrement vitré en arc de cercle, offre un panorama complet sur la mer et la vaste étendue de sable. L’observation de la plage requiert une bonne vue de la part des maîtres-nageurs sauveteurs et l’utilisation de jumelles. L’artiste prend le contre-pied de cette fonction de surveillance du lieu en cherchant à la rendre caduque. Ainsi elle décide d’occulter les fenêtres, plongeant l’endroit dans l’obscurité. Elle empêche l’exercice du regard et se retrouve elle-même dans l’obscurité, aveugle pour officier à sa tâche artistique. C’est uniquement par le toucher qu’elle s’exprimera. Elle privilégie, comme à son habitude, les processus de création, se construisant des règles du jeu. De façon artisanale, elle utilise des techniques de base et des outils très rudimentaires. Ainsi elle recouvre de papier blanc le sol, les murs, la baie vitrée et le plafond, afin de révéler ensuite par frottage, les matières constituant la surface des parois. La réalisation de l’opération nécessite de nombreuses ramettes de papier A3 blanc, de multiples bâtonnets de graphite, du scotch. ​ Le montage de la chambre noire ​ L’installation débute par l’accrochage bord à bord des feuilles de papier, verticalement sur les murs, le sol, le plafond et les vitres. La tâche est loin d’être simple car du mobilier et des accessoires subsistent dans le lieu : câblages, plinthes, interrupteurs, luminaires, armoire, panneau de liège…Le travail s’avère complexe et long car il s’agit de tapisser l’entièreté de la pièce, de pages blanches, jointes. Une fois l’accrochage achevé, Joelle Jakubiak se saisit de bâtonnets de graphite et, par frottage sur le papier, commence à relever l’empreinte des surfaces du lieu. Elle répète son geste inlassablement pendant quinze jours. C’est à tâtons que les doigts procèdent. La main détecte toute trace d’impureté, tout accident de parcours. Par le contact tactile, l’artiste retrouve d’infimes détails du réel, petites images fantômes. Le toucher envoie ses sensations au cerveau qui les connecte à la vue. Ce n’est plus le regard qui guide la main qui trace, mais le toucher qui renseigne la vue. ​ Le recouvrement des surfaces, le frottage amènent à une abstraction de la réalité. Le processus conduit du visible à l’invisibilité et vice-versa, de la disparition de l’existant à l’apparition d’une image extractive. Sur ce sujet, John Berger écrit : « Au début, la raison d’être de l’image était de faire revivre quelque chose d’absent. Peu à peu, il devint évident que l’image pouvait survivre à ce qu’elle évoquait »*1. Le jeu est subtil, le papier se noircit d’un noir uniforme au contact de toute plage lisse, lorsqu’il est collé sur les vitres sans aspérité aucune, et s’éclaircit en intégrant les reliefs en creux des différents matériaux : granité d’un défaut de peinture murale, joint de carrelage. La transcription des surfaces sur le papier apparaît en négatif comme sur un film photographique argentique. Comme la suie du Vésuve qui a pétrifié soudainement Pompéi, le graphite fixe sur le papier un état des lieux du poste de secours à un moment donné. Ces impressions sur papier possèdent en commun avec la photographie le fait de figer pérennement un instant T. La question du format relie aussi la pratique de la photographie (format photo) à celui de l’estampage (taille des feuillets). ​ Au fur et à mesure du noircissement des pages, le poste d’observation s’enfonce dans une pénombre nocturne, mutant en chambre noire. ​

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